Cinémapéros 2022

 

Pour cette édition, Clio Simon a invité Phonurgia Nova à  penser quatre séances où  l’on peut fermer les yeux pour prendre le temps d’une écoute, celles de créations sonores poétiques et expérimentales.

 

Le son au premier plan

Une fois l’an, avec l’aide de nombreux partenaires Européens, les phonurgia nova awards distinguent les auteurs qui explorent le réel et l’imaginaire sonore, mettant en avant des créations d’exception.
Sons collectés, émis, transmis, exposés…, voix consignées, effacées, enregistrées, archivées, détournées…

Depuis leur lancement en 1986, les phonurgia nova awards scannent la création radiophonique et sonore et incitent à faire œuvre avec les sons, à la radio mais aussi à  l’aide des nouveaux supports numériques. Depuis peu, le podcast relance l’exploration des possibles. Les œuvres prolifèrent et une nouvelle génération d’auteurs émerge. C’est sur cette floraison que se penchent les jurys successifs, avec pour seule boussole : ne rien laisser passer d’important dans le champ de ces nouvelles narrations contemporaines.

En réponse à  l’invitation d’Eac Les Roches et dans un souci d’éclectisme, j’ai puisé dans les palmarès passés, 4 titres, aux allures et propos très différents, qui illustrent autant de manières de se positionner face aux sons du monde, à  la parole des autres, et de jouer avec les auditeurs.

Jouer avec l’auditeur ? Oui, car l’humour s’invite aussi parfois dans la création radiophonique et sonore…

En vous souhaitant de riches découvertes.

Marc Jacquin

 

Mardi 19 juillet à  19h

Sommeil paradoxal de Julien Sarti, 26 minutes, autoproduction, France
Prix Art sonore aux Phonurgia Nova Awards 2018

Une fresque onirique basée sur des enregistrements phonographiques, commerciaux, politiques, éducatifs, informatifs, érotiques, publiés dans les années 60 et 70 sous la forme de disques « parlés », que l’auteur incorpore dans de libres compositions associatives. Un détournement de messages utilitaires qui bascule dans la poésie pure.

 

Mardi 26 juillet à  19h

636 d’Alessandro Bosetti, 20 minutes, auto-portrait sonore et performance radio

Sur un canal : la voix de l’auteur en direct s’efforçant de comptant aussi longtemps qu’il le peut. Sur l’autre : cette même voix, la sienne, préalablement enregistrée, une archive donc évoquant ses relations conflictuelles avec les nombres (son père était mathématicien), tente de perturber ce décompte en direct, d’affecter le présent du direct.

 

Mardi 2 août à  19h

Au revoir, merci d’Yves Meylan, 20-30minutes, une sélection parmi les 12 séquences-portraits

Cette pièce (qui a reçu le Prix Scam du documentaire 1997) hisse le portrait au niveau de la photographie qu’elle sublime. En réalité il s’agit de l’archive sonore d’une photographie manquante : 12 portraits, 12 images, mais aucune ne nous sera montrée. Glissés dans le studio-boutique du photographe Francis Traünig, les micros d’Yves Meylan nous invitent chaque auditeur à construire dans sa tête le portrait de ces absents.

 

Mardi 9 août à  19h

Loire de Sophie Berger, 50 minutes
Prix Découvertes Pierre Schaeffer / Phonurgia Nova Awards 2013

« Un jour, j’ai su qu’il fallait que je prenne la route. J’avais 26 ans, je n’avais jamais fait cela, et je ne savais pas ce que j’allais trouver. Je savais juste qu’il fallait que je le fasse. Il fallait que je prenne la route. Ce n’était pas raisonné, ce n’était pas raisonnable, mais je n’avais pas le choix. C’était une urgence. Ça hurlait en moi « prends la route avec tes micros ». Je me suis organisée pour avoir du temps, et dès que j’ai pu : je suis partie. C’était encore l’hiver. J’avais choisi la Loire pour fil d’Ariane. La descendre, de la source à l’estuaire, 1000 km à pied, pour rejoindre la ville où je l’avais vue couler étant gamine – Nantes. »
Loire a été sélectionnés dans le cadre de « Du côté des ondes » (soutenue par la RTBF, la promotion des Lettres de la communauté française, la SACD, la SCAM Belgique,la SACD et la SCAM France).

 

Carte blanche donnée à  Phonurgia Nova pour les Cinémapéros 2022 :

“Phonurgia Nova” ? C’est un passage obligé pour celles et ceux qui choisissent d’explorer les possibilités de dévoilement du micro !  Attentive à transmettre la radio de création, l’association arlésienne édite ses classiques (Welles, Schaeffer,  Paranthoën, Cocteau, Giono, Farabet, Mortley, Meylan), publie des ouvrages de pédagogie, et accompagne à travers des workshops organisés toute l’année, les auteur.rice.s désireux.ses de s’engager dans une relation créative avec les écriture du son.
Initiée en 1986 avec la complicité de Pierre Schaeffer, elle forme à cette radio qui s’éloigne de la radio de tous les jours, pour basculer dans autre chose : la fiction, le documentaire, l’art sonore parfois. Elle transmet aussi les nouvelles pratiques sonores en lien avec le podcast et le spectacle vivant. Que ce soit depuis Arles, Paris ou plus récemment Dinard, Phonurgia Nova (1) propage cet art sonore multiforme et invente des manifestations à sa mesure pour aller à la conquête de nouvelles oreilles. Son rayonnement est international.

(1) En 1673, le père jésuite Athanasius Kircher a donné le titre de “phonurgia nova” à un ouvrage dans lequel, bien avant l’heure de leur réalisation technique, il imagine d’étonnantes architectures de communication acoustique. On trouve en ligne une abondante documentation au sujet de ses machines à communiquerPhonurgia désigne par extension la création d’un univers à partir du sonore.