Marc Simon

 

Il était une fois…

Dans une contrée lointaine, mais néanmoins pas si lointaine que ça, un univers en perpétuel mouvement évolue librement. Cette contrée, perdue entre un désert si aride qu’il n’y pousse absolument rien et une mangrove, se compose essentiellement de glaise, d’herbes folles, d’arbres tellement anciens que l’on ne peut en voir la cime et de mousse si douce qu’on rêve de s’y allonger. Les êtres qui y vivent sont tous plus ou moins constitués de ces éléments, voire même façonnés. C’est ainsi que l’eau, omniprésente sur une grande partie de cette contrée, a pour habitude de laper ces habitants les modelant à  sa guise.

Les Ilas, peuple venant du désert, sont rêches comme l’aridité de cet espace. Alors que le soleil enveloppe la contrée de sa lumière, le chef, soucieux de rassembler la meute, barrit à intervalles réguliers. Des ombres se dessinent alors sur ce paysage rougi par les derniers rayons du soleil. Puis, plus tard dans la nuit, un autre se plaît à  hurler, tel un loup, mais d’une modulation sonore si douce que les êtres aux alentours s’endorment paisiblement.

Les Chindis, tout droit sortis de la mangrove, semblent s’être vêtus d’un manteau de vase mouillé et luisant. Les Chindis oiseaux, quant à  eux, donnent l’impression d’avoir plongé dans un bain de pétrole.

Si l’on s’enfonce plus dans la forêt on peut rencontrer des personnages à  cornes se reposant au pied d’un arbre ou bien allongés sur une pierre.

Puis il y a ceux qui semblent sortir tout droit de la glaise sans avoir pris le temps de bien se former… Chacun détient un rôle. Pan règne sur la nature, Cerbère semble être venu s’installer ici dès l’obtention de sa retraite bien méritée…

Tous ces êtres vivaient en parfaite harmonie jusqu’au jour où  Neptune déboula tout en brandissant son trident. La contrée lointaine se mit alors à  osciller doucement mais fermement. Certains Ilas en ressortirent à  jamais drapés de blanc et de noir. Ce tourbillon fera peut-être surgir plus tard des formes plus abstraites mais néanmoins saupoudrées de saveurs toujours empreintes de mythes et de rêveries.

Leïla Simon, 2016