Cinémapéros 2025

Programmation pensée par Clio Simon

On tousse de tout un état du monde. Si vous voulez savoir ce qu’il se passe, demandez aux plantes, aux glaciers, à la montagne, à la brume, aux lichens, … Nous nous n’avons plus les mots.

 

 

Mardi 22 juillet à 19h

Galb’Echaouf de Abdessamad El Montassir, 2021, 18min43 sec

En enquêtant sur un événement qui a profondément changé le paysage du Sahara, Abdessamad El Montassir est confronté au silence des générations précédentes qui restent hantées par une histoire sociopolitique complexe qu’elles ne parviennent pas à raconter.

Comme alternative aux témoignages humains, il décide alors de se concentrer sur la vie organique qui habite le désert – les plantes et les paysages-, pour tenter de retracer ce que les hommes ne sont pas en mesure de transmettre.

 

Mardi 29 juillet à 19h

Calendula de Philémon Vanorlé et Justine Pluvinage, 2024, 36min

Deux jeunes filles fuguent emportant avec elles leurs soucis. Clara et Sarah sont sœurs jumelles. Elles ont treize ans et se situent à la charnière entre l’enfance et l’adolescence. Elles poussent inlassablement devant elles un véhicule-serre, tour à tour fardeau et ressource. Chemin-faisant, elles prennent soin de leurs fleurs, souvent aussi brutalement que d’elles mêmes.
Calendula est road-trip pédestre qui traverse les Flandres en été. Les ados se déplacent sur les chemins de halage, sentiers, routes et villes. Elles font escales, mangent, squatent, dorment, chantent, parlent. Au fur et à mesure du voyage, elles essaiment leurs soucis dans le paysage. Une rencontre va modifier leur quête.

 

Mardi 5 août à 19h 

Imbizo Ka Mafavuke (Mafavuke’s Tribunal) de Uriel Orlow, 2017, 28min, Afrique du sud

Imbizo Ka Mafavuke (Le Tribunal de Mafavuke) est un documentaire expérimental qui se déroule aux abords d’une réserve naturelle de Johannesburg. Sorte de Lehrstück brechtien (théâtre de l’accident), le film montre les préparatifs d’un tribunal populaire où guérisseurs traditionnels, militants et avocats se réunissent pour discuter des savoirs autochtones et de la bioprospection. L’industrie pharmaceutique considère désormais la médecine traditionnelle comme une source d’identification de nouveaux agents bioactifs pouvant être utilisés dans la préparation de médicaments synthétiques. Cela soulève de nouvelles questions sur la protection intellectuelle des savoirs autochtones par le droit d’auteur. Imbizo Ka Mafavuke s’interroge sur les bénéfices de la transformation des plantes en produits pharmaceutiques, compte tenu des multiples revendications de propriété, de priorité, de localisation et d’appropriation. Les protagonistes du film se glissent dans différents rôles et s’appuient sur des cas réels impliquant des multinationales pharmaceutiques en quête du prochain médicament miracle dans les communautés autochtones. Les fantômes des explorateurs coloniaux, des botanistes et des juges observent les débats.

 

Mardi 12 août à 19h

VILLA EMPAIN de Katharina Kastner, 2019, 24 min, production : BE/FR/GER/AT

Que peut inspirer le destin de la villa Empain à Bruxelles, projet fou du baron du même nom, marquée par une vie mouvementée depuis sa livraison, en 1934 ? Le pari de Katharina Kastner sera d’en faire le portrait, attentif au travail du temps, à l’image d’une existence humaine. Un film sensoriel, tourné avec un 16mm captant le frémissement des feuilles du jardin ondoyant sous la lumière, le mouvement de perles irisantes, ou encore les jeux colorés à l’occasion d’une intervention de Daniel Buren. Sans un mot, et avec une caméra caressante, attentive aux motifs cachés des splendides marbres ou aux veinures des essences les plus précieuses qui ornent les pièces. Par touches, au-delà la monumentalité de ses 2 500 mètres carrés et de sa piscine qui a nourri l’admiration de ses premiers visiteurs, Katharina Kastner offre une vision organique du bâtiment marqué par ses vicissitudes, devenu successivement musée, ambassades, laissé à l’abandon, et désormais restauré. Grâce à un montage opérant des rapprochements furtifs, attentif aux associations de couleur, télescopant les temps et les sensations tactiles, alors que bruissent les espaces explorés, le film nous embarque dans un voyage fait de réminiscences, telles ces bribes de la vie de son initiateur puisées dans les archives familiales – ici en villégiature, là jouant sur une plage -, images surgies d’un passé lointain mais hantant encore les lieux. Cet espace de vie pensé comme œuvre d’art, le film nous l’offre en forme de divagation. Un songe qui nous embarque dans la villa comme un écho de fantasmes passés, un espace mental et aussi un écrin d’accueil du travail du temps. Un peu comme ce travail d’empreinte que l’on voit à l’œuvre dans le film, geste léger d’un crayon sur une feuille blanche.

FIDMarseille – Nicolas Feodoroff